L'histoire de la GWG

GWG en temps de guerre

par Catherine C. Cole

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Contribution des femmes à l'effort de guerre (2:11)

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Atelier de couture de L'usine travailleuses qui vérifient des uniformes militaires La Great Western Garment Company (GWG) joue un rôle important à Edmonton pendant la Seconde Guerre mondiale. Chaque semaine, elle produit jusqu'à 25 000 pièces d'uniformes pour les forces armées canadiennes, les prisonniers de guerre et des forces étrangères. Au début de la guerre, GWG est considérée comme la plus grande entreprise de confection de l'Empire britannique. Les contrats gouvernementaux représenteront rapidement les deux tiers de son carnet de commandes. photo de groupe prise à l'extérieur de L'usine

Née en 1911, GWG a pris son essor et assis sa réputation sur la qualité de ses vêtements de travail et sur ses pratiques équitables d'emploi - une combinaison essentielle à l'obtention de contrats gouvernementaux pendant les deux guerres mondiales. Ces contrats lui rapporteront 4 millions $ en tout durant la Seconde Guerre. Combinaisons militaires, chemises et shorts kaki, tenues de combat, pantalons pour l'armée de terre, l'aviation et la marine, combinaisons de travail pour les équipes au sol, uniformes pour les experts en explosifs forment l'essentiel des commandes gouvernementales. Short de coton blanc Uniforme présenté dans une exposition Veste d'uniforme kaki

Production à la chaîne

portrait de M. Jacox Clarence D. Jacox reprend la présidence de GWG après le décès du fondateur de l'entreprise, Charles A. Graham, en décembre 1940. Il engage des experts en productivité qui scindent les opérations de couture en multiples étapes et apprennent aux opératrices à exécuter celles qui leur sont confiées. Bien que certaines d'entre elles aient appris à utiliser deux machines pour pouvoir remplacer leurs collègues le cas échéant, le syndicat s'oppose à ce qu'elles maîtrisent plusieurs opérations, car mieux elles se perfectionnent dans une tâche en particulier, plus la rémunération à la pièce s'avère rentable.

Effie Hobden, qui travaillait à l'usine en 1943, rapporte une anecdote assez amusante au sujet des experts en productivité. « Ce jour-là, tout le monde faisait de son mieux parce qu'on nous avait dit qu'un expert en productivité viendrait juger notre façon de travailler. Nous cousions toutes avec application pendant que l'expert prenait note des progrès en faisant le tour de l'atelier avec le directeur. Il s'arrête net devant la machine à côté de la mienne à laquelle travaille une très jolie fille, toujours de bonne humeur malgré un mari handicapé dont elle a la charge. L'expert se met à lui poser un tas de questions auxquelles elle répond poliment. Au bout d'un certain temps, elle le regarde avec ses grands yeux bleus et lui dit innocemment : 'Monsieur, vous êtes vraiment très gentil de prendre le temps de nous expliquer comment coudre'. Le type a rougi jusqu'à la racine des cheveux et il est reparti sans dire un mot, sans doute bien conscient des gloussements discrets qui accompagnaient sa retraite. » Atelier de couture de L'usine

Expansion

Vue extérieure de L'usine En 1942, GWG fait construire au coût de 125 000 $ une annexe de deux étages à son usine sise au 10305-97th Street, à l'angle de 103rd Avenue. Elle embauche 125 ouvriers additionnels, surtout des jeunes femmes, ce qui porte la main-d'oeuvre à 500 employés. Les nouvelles machines automatisées permettent de produire 12 500 uniformes par semaine. Lorsque les commandes l'exigent, l'usine travaille jour et nuit à la cadence de deux quarts de travail, voire trois comme à l'été 1940.

travailleurs expédient des uniformes L'effort de guerre de GWG ne se limite pas à approvisionner les forces armées canadiennes. Ainsi, en plein rationnement « d'après-guerre », l'entreprise reçoit une commande de l'armée néerlandaise pour 68 000 combinaisons militaires, 15 000 pantalons kaki réglementaires, 30 000 combinaisons de fusiliers-marins, 65 000 chemises en flanelle et 35 000 shorts blancs d'aviateur.

Service essentiel en temps de guerre

Coupeuses qui se détendent sur un toit Traditionnellement dans l'industrie de la confection, les femmes sont opératrices de machines, presseuses ou employées de bureau ; les hommes sont tailleurs, coupeurs, emballeurs, mécaniciens et vendeurs. Pendant la guerre, les femmes vont prendre la relève des hommes qui s'enrôlent. En 1942, la presseuse Beulah Williams (née Nelson) est l'une des trois femmes à qui GWG propose un emploi de coupeur. Le travail est plus varié et mieux payé - à l'heure plutôt qu'à la pièce - et les coupeurs sont plus respectés dans l'usine. Lorsque les trois femmes font leur entrée à l'atelier de coupe, le tailleur de l'usine leur confectionne chacune deux pantalons de travail afin qu'elles puissent être habillées en hommes pour faire un travail d'homme. À la fin de la guerre, lorsque les hommes reprendront leur poste à l'usine, on trouvera normal que les femmes réintègrent leurs anciens emplois d'opératrices. Beulah, pour sa part, quittera l'usine pour se marier.

La contribution des travailleuses de GWG à l'effort de guerre est source de fierté pour la collectivité. L'auteur d'un article paru le 4 février 1942 dans l'Edmonton Bulletin proclame : « Des milliers de Canadiennes combattent Hitler avec des aiguilles ! » Les femmes qui travaillent chez GWG pendant la guerre ne sont pas autorisées à quitter leur emploi sans raison valable, car leur travail est considéré comme un service essentiel. Toutefois, un mariage ou une naissance marque souvent la fin de leur vie professionnelle. Celles qui n'ont pas de famille pour leur venir en aide ont du mal à trouver des services de garde adéquats. À cette époque, GWG appuya une requête de ses employées qui demandaient à la Ville de fournir des services de garde pour leurs enfants.

Portrait de M. Ross Les travailleuses avaient accepté une réduction de salaire durant les premières années de la Seconde Guerre. GWG réalise néanmoins d'importants bénéfices grâce à cette guerre. En 1943, après l'échec des négociations à l'échelle de l'usine et de la province, la présidente de la Section locale 120 des United Garment Workers of America, Emily Ross, et le représentant de l'Edmonton Trades and Labour Council, Carl Berg, portent la cause en appel auprès du Conseil national du travail en temps de guerre et GWG doit relever les salaires de ses opératrices à leur niveau d'avant-guerre, ce qui signifie une hausse de 10 %.

Pénuries

Annonce publicitaire Les exigences des contrats gouvernementaux et la disponibilité réduite des vêtements civils limitent la production des marques vedettes de GWG comme Cowboy King, Red Strap, Iron Man, Buckskin, Texas Ranger ou le denim Snobak. La Commission des prix et du commerce en temps de guerre régit les changements de styles et les prix plafond. GWG a du mal à acheter la quantité de tissu nécessaire à la réalisation des commandes de vêtements de travail, car le coton entre dans la confection des vêtements militaires. Conséquence : les consommateurs ont du mal à se procurer de nouveaux vêtements. GWG continue à placer des annonces dans les revues agricoles pour conserver la fidélité de ses clients et détaillants. Des publicités parues dans The Country Guide de 1943 préviennent que « les marchands qui ne peuvent pas acheter des stocks de GWG à cause de la rareté de l'offre ou de l'absence de quotas autorisés devraient penser à acquérir cette marque lorsque la paix reviendra ».

Annonce publicitaire GWG annonce l'achat de vêtements bien faits comme un geste patriotique : « ...achetez seulement ce qu'il vous faut - achetez les vêtements les plus durables - achetez une marque de qualité ». L'entreprise souligne le rôle crucial des familles agricoles pendant la guerre : « Toutes les familles agricoles de l'Ouest canadien livrent un rude combat, qui consiste à accroître la production alimentaire malgré une pénurie d'aide. En bonnes familles canadiennes qu'elles sont, elles savent que le prix de la victoire passe par le travail, la lutte et le sacrifice. » Toutefois, la fin de la guerre ne signifie pas automatiquement la fin des pénuries. En 1946, les publicités de GWG précisent : « Ils sont encore un peu rares, mais ils valent la peine qu'on les attende ».

Soutenir l'effort de guerre

char allégorique dans un défilé Le syndicat et les employés de l'usine soutiennent l'effort de guerre en achetant des obligations de la Victoire et en envoyant à leurs collègues qui servent outre-mer de l'argent à Noël et des cigarettes à Pâques. Les mots de passe utilisés aux réunions syndicales, tel « Onward to Victory » [en avant la victoire], ont parfois un rapport avec la guerre. Une femme se souvient d'avoir glissé une note avec son nom et son adresse dans un uniforme militaire pensant que le soldat qui l'endosserait pourrait avoir envie de correspondre avec quelqu'un. Toutefois, la note fut saisie avant de quitter l'usine, et la femme sommée de ne pas recommencer.

Conclusion

La Seconde Guerre mondiale a été l'occasion pour la Great Western Garment d'agrandir considérablement ses installations, de perfectionner son matériel et d'augmenter sa main-d'oeuvre, sans compter la réalisation d'un chiffre d'affaires de 4 millions $ en uniformes militaires. La guerre terminée, GWG doit se trouver un nouveau créneau. C'est à ce moment que l'entreprise décide de ne plus s'en tenir aux vêtements de travail pour hommes et garçons et de se lancer dans la confection de jeans, pantalons, vestes et vêtements décontractés pour toute la famille, qu'elle s'apprête à distribuer partout au Canada.

Pour plus de détails sur les activités du Canada en Alberta pendant la Seconde Guerre mondiale, voir [en anglais] l'encyclopédie en ligne de la The Heritage Community Foundation's Alberta Online Encyclopedia. World War II: The Homefront in Alberta.

Pour en savoir plus sur L'époque Levi Strauss